À 23 ans, j’avais quelques préoccupations assez simples : comment empêcher les poussées d’acné de mon visage?? N’étaient-elles pas censées prendre fin à ma sortie de l’adolescence?? Et m’était-il possible de sortir prendre un verre ou deux quand je devais me présenter au travail le lendemain matin à 5 heures??
Ce à quoi je ne pensais pas était la petite bosse dure que j’avais remarquée dans un de mes seins à la fin de juillet 2014. Je ne pensais pas non plus à faire renouveler ma carte d’assurance maladie ou à consulter mon médecin de famille. J’étais jeune et en santé, comme en témoignait le fait de boire quelques cafés Starbucks par jour… non??
Quand est arrivé le mois d’octobre, cette petite bosse avait grossi pour devenir dure comme du roc et j’étais devenue inquiète. J’ai donc fait le saut et pris rendez-vous chez mon médecin. Elle m’a assuré qu’à mon âge, ce n’était probablement qu’un kyste?! Heureusement, elle a eu la présence d’esprit de m’inscrire à une échographie. Lorsque l’imagerie est revenue, on m’a vite envoyée subir une biopsie (ouch?!). Quand ils m’ont appelée pour me dire qu’ils aimeraient me rencontrer le 18 novembre 2014 pour parler de mes résultats, j’ai été trop timide pour leur dire que le 18 novembre, c’était le jour de mes 24 ans?!
Je me suis préparé des crêpes comme déjeuner d’anniversaire et j’ai prévenu mon patron que j’avais quelques tests à passer, mais que ce n’était sans doute rien d’inquiétant. Je me souviens d’avoir pensé : d’accord, même s’ils ont trouvé quelque chose, je vais prendre quelques semaines de congé, me le faire enlever et je serai de retour pour la ruée de Noël. Inutile de m’en faire avec ça?!
Ma mère, mon petit ami et moi sommes allés à l’hôpital où mon chirurgien m’a annoncé la grande nouvelle : Sam, les tests indiquent un cancer. Le reste du rendez-vous est un peu flou dans mon souvenir, mais je me souviens d’avoir entendu certains mots comme chimio, perte de mes cheveux d’ici Noël, quitter mon travail immédiatement, chirurgie et radiothérapie. On m’a donné une lettre indiquant qu’il me faudrait une année complète pour combattre cette chose… Donc, ma bataille contre un cancer du sein de stade III allait commencer le jour de mes 24 ans et se terminer à mon 25e anniversaire.
Je vais vous épargner les détails. La chimio, c’est vraiment nul. Ce n’est pas aussi dégueulasse que dans le film «?La blonde de mon père?» (dans mon cas : peu de nausées, mais une énorme prise de poids). Mon opération a été une mastectomie unique (non, ils ne vous laissent pas garder votre mamelon). La radiothérapie est épuisante et les plaies ouvertes et brûlures sont pénibles à traiter.
Surtout, personne ne peut vous préparer à la crainte et à la solitude qui accompagnent un diagnostic de cancer. Vos proches et votre famille ne comprendront pas ce que vous traversez, mais ils vont essayer vraiment, vraiment très fort. Vous allez commencer à voir des cercles violets apparaître autour des yeux de tout le monde autour de vous, pour vous rendre compte que vous n’êtes pas la seule à mener cette bataille. Tout le monde se montrera fort devant vous, mais une fois la porte fermée, tout le monde commencera à s’effondrer.
J’ai de la chance. Mon cancer a été pris au stade III : il avait progressé de ma poitrine à mes ganglions lymphatiques, mais n’avait pas été plus loin. Si j’avais attendu le moindrement plus longtemps, mon diagnostic aurait été très, très différent. Mes gènes ont été testés et les résultats ont été négatifs.
J’ai terminé ma radiothérapie il n’y a pas si longtemps, et j’ai disposé d’un certain temps pour réfléchir. Voici ce qu’affronter le cancer du sein à 24 ans m’a appris.
Les gens ont vraiment bon cœur.
Il est très facile de croire que notre monde est rempli de méchants criminels assoiffés de sang. Mais lorsque vous contractez un cancer, votre communauté fait front autour de vous. Je n’étais pas à un bon endroit au moment où l’on m’a diagnostiquée : je n’avais pas d’assurance maladie et je n’avais vraiment pas d’argent. Des gens ont organisé des collectes de bouteilles en mon nom, des levées de fonds, des tournois de hockey de charité, et j’ai même eu droit à un article d’une page dans notre journal local. Ma famille, mes amis, les amis d’amis, des étrangers, des collègues de travail et des camarades de classe : tout le monde a commencé à m’envoyer leurs bons vœux. Les gens veulent aider en cas de besoin. Les gens ont bon cœur.
Les espoirs et les rêves ne veulent rien dire si vous n’avez pas la santé.
J’aime travailler. Pendant un certain temps, c’était un peu mon truc. Je travaillais beaucoup : 50, parfois 60 heures par semaine ces dernières années. J’y voyais une bonne expérience, une façon de prendre de l’avance. Quand j’ai eu mon diagnostic de cancer, j’ai réalisé que j’étais très malade. Et non, je ne parle pas du cancer. Ma santé mentale avait souffert, j’avais des éruptions cutanées, mon poids était en hausse et j’étais toujours fatiguée, incapable de penser correctement. Je n’avais pas pris de temps pour moi en plusieurs années, et tout cela m’a rattrapé en même temps. Morale : N’attendez pas un événement comme le cancer pour vous convaincre de l’importance de pauses. Sans votre santé, vous ne pouvez réaliser vos espoirs et vos rêves.
Votre apparence physique n’importe pas tant que ça.
Je suis une fille féminine. J’adore les vernis à ongles et les choses brillantes. Quand je me suis présentée pour la chirurgie, ils m’ont mise en jaquette bleue. Je n’avais aucun maquillage, vernis à ongles, bijoux, ni même de coiffure. Je me suis regardée dans le miroir et je me suis vue pour la première fois : chauve, pâle et ayant bien peu l’allure d’une Sam. Mais… je me sentais toujours la même à l’intérieur. Je savais que j’étais là, en moi, toujours la même. Mon apparence était entièrement différente, mais je savais que cela n’avait pas d’importance. Et vous savez quoi?? Ma nouvelle apparence m’a rendue plus abordable. Aujourd’hui, les gens me parlent parce qu’ils s’intéressent à ce que j’ai à dire, à ce que je pense. Depuis que j’ai décidé d’accorder moins d’importance à l’extérieur et plus à l’intérieur, je me suis dotée de relations plus enrichissantes?; j’ai pu me concentrer sur ce qui me donne l’impression d’être complète et heureuse quand mes journées prennent fin. Et puis, tant qu’à être dans cette situation, j’ai économisé des tonnes d’argent en produits pour les cheveux… Et les loisirs, c’est passionnant.
Prenez le temps de faire ce que vous aimez.
Si vous ne savez pas ce que vous aimez (ce fut ma prise de conscience par une après-midi froide où une journaliste m’a demandé, «?alors, qu’est-ce que vous aimez faire de vos temps libres???»), essayez toutes sortes de choses. Cet hiver, j’ai lu une pile de livres, j’ai colorié des albums, j’ai commencé à tisser, j’ai appris à tricoter, j’ai appris à cuisiner, j’ai scrapbooké et tenu un journal à propos d’œuvres d’art… et la liste continue. Il m’a fallu le cancer (et une année d’arrêt de travail) pour explorer ces passe-temps, mais la liberté créatrice, l’expression personnelle et le sentiment d’accomplissement que vous ressentez lorsque vous complétez quelque chose d’aussi simple qu’une page de livre à colorier sont incroyables. Prenez du temps pour vous, qu’il s’agisse d’un bain moussant, d’un club de lecture ou de cinq minutes de méditation dans l’ascenseur.
Ayez foi en quelque chose.
Je ne me soucie pas de ce en quoi vous croyez, mais vous devez croire en quelque chose. Une nuit, en me couchant, je pleurais si fort que je ne pouvais pas m’arrêter. Je ne cessais de me demander : «?Pourquoi moi???» Tout à coup, j’ai brusquement arrêté de pleurer et j’ai entendu en moi une voix me dire : «?Parce que tu es assez forte pour l’affronter.?»
C’est une phrase que je me suis répétée plusieurs fois depuis. Je ne sais pas qui, quoi ou pourquoi cela s’est produit, mais j’ai eu la foi depuis. D’étranges petites interventions comme celle-là ont eu lieu à plusieurs reprises tout au long de mes traitements. J’ai toujours fait de mon mieux pour aborder ma situation avec une attitude positive. Je suis allée à tous mes rendez-vous de chimio avec tous mes porte-bonheur : des chapelets, des bracelets chanceux, des pierres de guérison et les chaussettes que je portais quand j’ai obtenu le travail que j’adore. Je ne suis pas une personne très religieuse, mais mon meilleur conseil est le suivant : chaque matin au réveil, vous disposez d’un choix. Restez positive. Ne vous entourez que des choses qui vous élèvent.
Comme la vôtre, mon histoire est plus longue et plus compliquée que ce que je peux inscrire dans un tel article. Mais voici le message que je veux vous laisser : le cancer peut vous arriver. Il m’est arrivé. Je ne suis qu’une fille. Le cancer peut se produire à n’importe quel âge, n’importe quand, dans n’importe quelle situation. Vous n’êtes pas à l’abri du cancer, ou de tout autre élément potentiellement effrayant dans le monde. Mais ce n’est pas quelque chose à craindre. C’est quelque chose qui peut vous motiver. Soyez proactive et appréciez ce que vous avez, quelle que soit l’étape où vous en êtes.
Samantha Price est une diplômée en commerce de 24 ans qui travaille en marchandisage visuel. En dehors de son travail, elle a un beau petit ami et deux chatons adorables (Oatmeal et Pancakes). Elle passe son temps tranquille à lire (des blogues, des livres, des revues et des boîtes de céréales), à faire de l’épinglage, du scrapbooking et à regarder Netflix.
Ottawa, Ontario