Nausées et vomissements provoqués par la chimiothérapie  

Les traitements de chimiothérapie peuvent entraîner plusieurs effets secondaires désagréables comme des nausées et des vomissements. On parle alors de nausées et vomissements provoqués par la chimiothérapie (NVPC).  

Selon le U.S. National Cancer Institute, ces symptômes touchent jusqu’à 80% des patients qui reçoivent des traitements de chimiothérapie 2 et 40% de ces patients en souffrent au point où ils ont reçu des traitements pour gérer ces symptômes.3 Beaucoup de patients rapportent que les nausées et les vomissements sont les effets secondaires les plus pénibles de la chimiothérapie.1  

S’ils ne sont pas contrôlés, les NVPC peuvent entraîner de la détresse et perturber la vie quotidienne. La gravité de l’expérience des patients varie considérablement.

Les nausées et les vomissements peuvent survenir immédiatement après les sessions de chimiothérapie (NVPC aigus), plusieurs jours après (NVPC tardifs), ou avant (NVPC d’anticipation).  

Bien qu’ils soient courants, les nausées et les vomissements ne sont pas inévitables ou incurables. Ils peuvent, et devraient, être prévenus. Les médicaments antiémétiques (anti-vomissement) sont l’une des méthodes de prévention. Il est également possible de mitiger ces symptômes, par exemple, en apportant des changements aux habitudes alimentaires. 

Plusieurs patients sont portés à croire qu’ils doivent endurer les NVPC parce que cela signifie que la chimiothérapie fonctionne. Cette croyance est fausse ; l’efficacité de la chimiothérapie n’a aucun lien avec la présence ou l’intensité des effets secondaires. Seul votre médecin est en mesure de vous dire si les traitements fonctionnent. 

Bien qu’on utilise le terme “Nausées et vomissements provoqués par la chimiothérapie”, ces deux symptômes sont séparés et certains patients ne ressentent que l’un ou l’autre. Les patients ont aussi tendance à ne pas rapporter qu’ils ont des nausées, car elles sont plus faciles à ignorer. Par contre, selon une étude sur le sujet, les patients rapportent que les nausées provoquées par la chimiothérapie sont pire que les vomissements et que les médicaments utilisés pour traiter les NVPC ne sont pas aussi efficaces pour prévenir la nausée. C’est un aspect du traitement des NVPC qui devrait être amélioré.1 

Les effets des nausées et vomissements provoqués par la chimiothérapie  

Lorsque non traités, les nausées et vomissements provoqués par la chimiothérapie peuvent avoir un impact considérable sur le quotidien des personnes touchées. Pour certains patients, les NVPC sont modérés et n’ont aucun impact sur leur quotidien, alors que d’autres patients sont affectés au point où ils ne peuvent plus accomplir leurs tâches quotidiennes. Peu importe la sévérité, la qualité de vie des patients en est affectée.    

« Les nausées et les vomissements sont les effets secondaires de la chimiothérapie que les patients craignent le plus. Lorsque non traités, ils peuvent avoir un impact considérable sur la vie des patients: perte d’appétit, perte de poids et même, dans certains cas extrêmes, des fractures osseuses et la rupture de plaies chirurgicales, » explique la Dr. Kylea Potvin, cancérologue au Programme régional de lutte contre le cancer de London. « Par conséquent, certaines personnes décident même d’arrêter de recevoir un traitement qui pourrait prolonger leur survie.»

Dans certains cas, les nausées et vomissements sont sévères au point où le patient doit être hospitalisé ; certains patients choisissent même d’arrêter les traitements de chimiothérapie lorsque les NVPC deviennent insupportables, même si la chimiothérapie est importante dans leur combat contre le cancer. Les NVPC peuvent aussi avoir d’autres effets négatifs, comme la déshydratation, l’anorexie, la fatigue et d’autres dysfonctions métaboliques.3

Les nausées et les vomissements provoqués par la chimiothérapie ne sont pas que de simples inconvénients ; ils sont un problème de santé majeur pour beaucoup de patients atteints de cancer.  

Bien que la prévention des NVPC se soit considérablement améliorée ces dernières années, le système de soins de santé a encore beaucoup de chemin à parcourir pour y remédier de manière adéquate. Il est essentiel que les personnes qui suivent des traitements contre le cancer soient bien informées sur les NVPC afin qu’elles puissent avoir un rôle plus actif dans leurs traitements. 

Les types de nausées et vomissements provoqués par la chimiothérapie 

Les NVPC peuvent survenir à tout moment durant les traitements de chimiothérapie, que ce soit à l’hôpital ou à la clinique, ou plus tard, lorsque le patient est à la maison.

Il existe plusieurs types de NVPC et ils sont classifiés selon le moment où ils apparaissent : 

  • Les nausées ou vomissements aigus se manifestent dans les 24 premières heures qui suivent l’administration de la chimiothérapie. Les NVPC se manifestent généralement de 1 à 4 heures après la session de chimiothérapie et sont à pleine intensité de 5 à 6 heures après. 
  • Les nausées ou vomissements tardifs se produisent plus de 24 heures après l’administration de la chimiothérapie et peuvent durer de 6 à 7 jours.  
  • Les nausées ou vomissements d’anticipation se produisent avant une séance de chimiothérapie, généralement lorsque le cerveau les associe suite à une expérience précédente. Par exemple, un patient qui a eu des NVPC durant leur premier cycle de chimiothérapie peut ressentir des NVPC avant même de commencer le prochain cycle.  

L’origine des nausées et vomissements 

Nous ne connaissons pas encore l’origine exacte des nausées et des vomissements provoqués par la chimiothérapie, mais ils proviendraient d’une interaction qui se passe dans la trajectoire nerveuse entre le cerveau et le système digestif. Le cerveau comporte un centre du vomissement, une structure nerveuse qui déclenche le réflexe du vomissement, et il pourrait être activé par la présence de certaines toxines dans l’appareil digestif et le système sanguin.

Plus spécifiquement, la chimiothérapie stimule la libération de 5-HT, un précurseur de la sérotonine. Le 5-HT active le nerf vague, un nerf important responsable de nombreuses fonctions automatiques, qui stimule ensuite le centre du vomissement dans le cerveau.  

Le cheminement neurologique des NVPC reste inconnu, mais il y a une théorie selon laquelle la chimiothérapie activerait, par le biais du liquide cérébrospinal, des neurotransmetteurs dans le système digestif et dans une zone du cerveau appelée la zone de déclenchement des chimiorécepteurs. Cette stimulation enverrait des signaux au système nerveux autonome (partie du système nerveux responsable des fonctions non soumises au contrôle volontaire) pour produire les nausées et vomissements.

Les facteurs de risque 

Le risque d’avoir des NVPC dépend de plusieurs facteurs, comme le type de chimiothérapie et les prédispositions du patient.

Les différents types de chimiothérapie n’affectent pas les nausées et les vomissements de la même manière. Le terme médical pour une substance qui provoque des vomissements est « émétogène ». Certains médicaments utilisés pour la chimiothérapie, comme la cisplatine, sont hautement émétogènes et sont susceptibles de provoquer des NVPC chez plus de 90 % des patients, alors que les médicaments qui sont modérément émétogènes ont 31 à 90% de risque de provoquer des NVPC. 

De plus, la chimiothérapie affecte chaque personne de manière différente. Certains facteurs peuvent rendre un patient plus à risque d’avoir des NVPC, comme être une femme, avoir moins de 50 ans, avoir le mal des transports, et ne pas ou peu consommer d’alcool. 

Prévenir et traiter les NVPC 

Il est important de savoir que les nausées et les vomissements sont plus faciles à prévenir qu’à éliminer. 

« Suite à mon diagnostic de cancer du sein il y a quinze ans, j’avais souffert de graves nausées et vomissements pendant mon traitement. J’avais l’impression d’avoir complètement perdu le contrôle de mon corps, » explique Catherine Mooney, une survivante du cancer. « On m’a à nouveau diagnostiqué un cancer du sein l’an passé. Cette fois, mon médecin m’a proposé une option pour m’aider à contrôler les nausées et les vomissements. Cela m’a permis de passer plus de temps avec ma famille et mes amis et m’a vraiment aidée à être plus positive face au traitement, car je ne me sentais pas malade tout le temps.»

Heureusement, il existe plusieurs façons de prévenir et de contrôler les NVPC.

Selon le type de chimiothérapie administrée, l’équipe de soins peut prescrire des antiémétiques, des médicaments qui servent à prévenir ou contrôler les NVPC. Pour la plupart des patients, ces médicaments fonctionnent bien pour prévenir les vomissements et réduire les nausées.

Il existe aussi d’autres méthodes pour gérer les NVPC, telles que l’hypnose, la relaxation et les changements aux habitudes alimentaires. 

« Les NVPC peuvent être incapacitants, mais il est possible de les prévenir. Les patients devraient en parler avec leur médecin avant de commencer les traitements de chimiothérapie, » dit Jackie Manthorne, Présidente et PDG du RCSC. « Le cancer est déjà un parcours difficile et les patients devraient pouvoir se concentrer sur leur guérison tout en passant du temps de qualité avec leurs proches. Le fait de prévenir les NVPC leur permet d’avoir une préoccupation en moins. »   

Si vous, ou l’un de vos proches, avez récemment reçu un diagnostic de cancer, parlez avec votre équipe de soins pour déterminer quelle approche de prévention des NVPC pourrait convenir. 

Témoignages vidéo 

Catherine Mooney, de Charlottetown (Î.-P.-É.), a combattu le cancer du sein à deux reprises. La première fois, elle n’a pas eu accès à des médicaments pour soulager les nausées et les vomissements. La deuxième fois, elle a reçu des médicaments qui l’ont aidée. Voyez son histoire (anglais seulement) :

Marlo Taylor est une survivante du cancer des ovaires de Toronto, Ontario. Marlo a souffert de nausées et de vomissements provoqués par la chimiothérapie après avoir reçu un diagnostic de cancer des ovaires. Voyez son histoire (anglais seulement) :

Isabelle Barrette, une jeune mère de Montréal, Québec, a souffert de graves nausées et vomissements lorsqu’elle a reçu des traitements de chimiothérapie pour soigner son cancer du sein. Voyez son histoire:

Références

  1. Aapro, Matti. (2018). “CINV: still troubling patients after all these years.” Supportive Care in Cancer 26(Suppl 1): 5–9. https://dx.doi.org/10.1007%2Fs00520-018-4131-3
  2. National Cancer Institute (2020). “Nausea and Vomiting Related to Cancer Treatment.” Retrieved August 2020 from https://www.cancer.gov/about-cancer/treatment/side-effects/nausea/nausea-hp-pdq
  3. Dranitsaris, G., Molassiotis, A., Clemons, M., Roeland, E., Schwartzberg, L., Dielenseger, P., Jordan, K., Young, A., & Aapro, M. (2017). “The development of a prediction tool to identify cancer patients at high risk for chemotherapy-induced nausea and vomiting.” Annals of oncology 28(6), 1260–1267. https://doi.org/10.1093/annonc/mdx100