Deux danses avec le diable — Lisa Swallow

Mon histoire débute en 1972. J’avais trois ans. Je me suis réveillée une nuit en pleurant et mes parents ne sont pas arrivés à me consoler. Ils savaient que quelque chose n’allait pas. Plus tôt ce jour-là, je m’étais heurté la hanche droite sur le coin d’une table basse.

Notre médecin de famille nous a rencontrés à sa clinique et m’a examinée. Craignant pour mon foie, il m’a fait envoyer à l’hôpital.

On m’a préparée pour une intervention d’urgence, et c’est à ce moment-là qu’ils ont découvert que mon rein droit était complètement envahi par une tumeur de Wilms.

Et cela a commencé.

Le rein a été enlevé et je suis passée à la radiothérapie et à la chimiothérapie. Même si j’étais toute petite, je me souviens encore beaucoup des traitements, y compris l’hôpital et même ma chambre là-bas. Lorsque mes parents m’ont ramenée à la maison, je ne pesais que 17 livres. C’est peu pour une enfant de trois ans. J’avais été assez robuste et bien en chair avant cette maladie.

25 ans ont passé et le cancer m’a retrouvée, provoquant certains symptômes et des saignements anormaux. Un jour, je me suis évanouie à la maison et, une fois arrivée à l’hôpital, j’étais tout à fait déshydratée. Je suis revenue à moi après la transfusion de deux unités complètes de sérum. Après quelques tests, le médecin m’a dit avoir trouvé dans mon intestin grêle une tumeur de la taille d’une noix. De nouveaux tests ont confirmé mes craintes.

Un dépistage précoce est toujours avantageux, mais j’ai eu droit à une autre opération majeure, puis à de nouveaux traitements de chimio et de radiothérapie. Je suis passée de 123 à 103 livres.

J’ai peine à croire qu’il s’est écoulé 20 ans depuis cette dernière épreuve. Je suis terrifiée à l’idée que le cancer pourrait resurgir un jour, mais je vis au jour le jour. J’aime la vie et toute la simplicité qu’elle offre. Je remarque maintenant plus les choses qu’auparavant. J’admire le lever et le coucher du soleil, le vent soufflant dans les hautes herbes ici sur la prairie canadienne. J’aime de tout mon cœur et j’essaie de montrer plus de gentillesse et de patience avec les gens, en particulier les étrangers.

J’ai une famille fascinante, des amis merveilleux, le meilleur mari qui soit et un métier que j’adore. Mes animaux de compagnie sont mes enfants, puisque je n’ai jamais pu en avoir, en raison des dommages causés par la radiothérapie.

Je me souviens que la Société canadienne du cancer a été là pour moi quand j’étais petite et que leurs bénévoles ont conduit maman et moi de Brampton à Toronto pour des traitements pendant que papa était occupé au travail. Je me souviens d’autres personnes qui venaient chez nous à Noël ou à Pâques et m’apportaient toujours une nouvelle poupée.

Il y avait aussi des bénévoles à l’hôpital avec un chariot à jouets, et les enfants pouvaient en choisir un à conserver. J’avais toute une collection de poupées bébés et je les aimais toutes. Chacun portait un nom et je n’ai jamais oublié leur origine.

J’essaie d’ignorer les commentaires négatifs que certains affichent parfois sur Facebook pour dire qu’il n’y a jamais de progrès dans les traitements anti-cancer, parce que je suis la preuve vivante que les situations s’améliorent et qu’il y a de l’espoir.

Merci d’être là.

Lisa Swallow, Alberta