Le 30 juin 2021
Par Jaimie Roebuck | Republié du Healthy Debate (article original)
La COVID-19 a imposé un arrêt brutal et immédiat du dépistage, des tests et des traitements cruciaux contre le cancer. Malheureusement, il n’y a pas de bouton pause pour le cancer. Nous ne pouvons pas le reporter, le retenir ou le reprogrammer pour une date ultérieure. Bien que des mesures aient été prises pour réintroduire graduellement des soins oncologiques courants et intensifs, nous devons poursuivre sur cette lancée — des retards et des interruptions additionnels peuvent inciter une crise additionnelle de santé publique.
La COVID-19 a fortement perturbé les soins oncologiques, en compromettant l’accès sûr et en temps opportun aux services et aux traitements. Un sondage commandé en 2020 par le Réseau canadien des survivants du cancer a démontré que plus d’une moitié (54 pour cent) des patients canadiens atteints du cancer, des proches aidants et des personnes qui attendent la confirmation d’un diagnostic du cancer ont vu leurs rendez-vous, leurs tests et leurs traitements reportés ou annulés, ce qui a provoqué des craintes et une anxiété accrue. Soixante-quatorze pour cent ont dit que ces retards ont eu un impact majeur sur leur santé mentale et émotionnelle.
« Je crains que nous perdions le progrès considérable que nous avons réalisé en matière de détection précoce des cancers, voire des précancers, » a expliqué Aisha Lofters, titulaire de la chaire de science de la mise en œuvre au Peter Gilgan Centre for Women’s Cancers (lien disponible en anglais seulement) (Centre du Peter Gilgan pour des cancers des femmes) au Women’s College Hospital (l’Hôpital du collège des femmes). « Nous perdrions un peu de cet avantage et risquons de subir ce que beaucoup appellent un tsunami de cancers, où les gens sont diagnostiqués à un stade plus avancé qu’ils ne l’auraient été. Ces retards pourraient avoir des conséquences importantes. »
Au début de la pandémie de COVID-19, les services non essentiels, notamment les soins oncologiques courants, ont été suspendus. Plus d’un an après le début de la pandémie, ces types des soins de santé doivent devenir la priorité absolue. Grâce à des protocoles stricts de prévention et de contrôle des infections mis en œuvre dans les établissements de soins de santé du pays, la probabilité de transmission du virus lors d’un rendez-vous de soins pour le cancer est faible. En considérant le fait que les services rouvrent, il est important que les patients se sentent confortables et confiants quand ils se rendent chez leur prestataire de soins primaires pour les dépistages, les tests et les rendez-vous de traitement pour le cancer.
« Il est de notre responsabilité en tant que médecins de s’assurer que les hôpitaux et les cabinets de médecin soient véritablement sûrs, et de continuer à renforcer le fait qu’il est sûr pour les patients de se rendre dans ces établissements, » a réitéré Lofters. « Nous devons reprendre les dépistages de cancer pour retirer les avantages de la détection précoce des cancers et des précancers avant qu’ils causent des dommages importants. Bien que nous ayons, légitimement, accordé beaucoup d’attention à la COVID-19 au cours de l’année écoulée, d’autres problèmes de santé n’ont pas été mis en attente. »
La pandémie de COVID-19 s’est avérée durable et endémique. Même une courte pause peut avoir un impact sur un pronostic, mais un retard de cette ampleur aura des conséquences graves. La pandémie fonctionne à plein régime — il devrait en être de même pour les soins oncologiques.
Les besoins en matière de soins de santé, notamment les préoccupations concernant le cancer, sont maintenant plus importants que jamais. Les patients atteints du cancer qui ont subi une annulation, une perturbation ou un retard avec l’imagerie médicale, les biopsies, les chirurgies, la radiation ou la chimiothérapie doivent reprendre ces rendez-vous. Tout retard supplémentaire pourrait avoir des répercussions graves sur la santé et des effets à long terme et irréversibles — le cancer non détecté et non traité peut devenir rapidement incontrôlable.
Les répercussions à long terme de la COVID-19 sur les patients atteints du cancer demeurent incertaines. Dans quelle mesure la maladie se sera-t-elle propagée pendant que le patient attendait son traitement? Quelle sera l’ampleur de l’arriéré pour les interventions chirurgicales nécessaires à la survie? On ne peut pas réfléchir après coup aux conséquences de cette pandémie.
Cette pandémie a déclenché un bouleversement sismique, en perturbant la manière dont les soins de santé sont fournis au Canada et autour du monde. En revanche, nous devons reprendre les soins oncologiques proactifs et réactifs. Les messages et les lignes directrices de la santé publique doivent continuer à affirmer que la sécurité des patients est la priorité absolue pendant la pandémie. Les Canadiens doivent être rassurés sur le fait qu’ils ne seront pas en danger s’ils se rendent à un rendez-vous pour des soins oncologiques, qu’au contraire, la plus grande menace pour leur santé serait d’attendre.
Pour éviter une autre crise majeure de la santé publique, les rendez-vous de dépistage, de test et de traitement précédemment reportés ou annulés doivent être reprogrammés rapidement – les soins oncologiques pour les Canadiens ne peuvent plus dépendre de la COVID-19.