Le 2 septembre 2020
Si vous pensez que la perturbation de la COVID-19 est presque terminée, réfléchissez encore!
Le sondage récent de la firme Léger, commandé par le RCSC, et impliquant 1 243 Canadiens a démontré que la réponse à la pandémie a entrainé une crise des soins oncologiques essentiels à travers le pays. Les patients atteints du cancer, leurs proches aidants et ceux qui attendent la confirmation d’un diagnostic du cancer ont dû et doivent toujours faire face à des rendez-vous, des tests et des traitements reportés ou annulés, ce qui suscite des craintes et une anxiété accrues, même si les restrictions liées à la pandémie sont levées.
L’accès sécuritaire et opportun aux soins oncologiques y compris des diagnostics, des dépistages et des traitements doit demeurer une haute priorité lors de toute crise de santé publique. Malheureusement, cela n’a pas été le cas et les résultats commencent à se faire sentir.
La Régie de la santé de la Nouvelle-Écosse a déclaré qu’elle a un arriéré de 700 cas de cancer du côlon[i] et qu’elle a temporairement suspendu l’envoi des trousses de dépistage à domicile du cancer du côlon en mars en raison de la pandémie, et même aujourd’hui, elle n’assure qu’environ 50 % des coloscopies. Comment est-ce que la cessation temporaire des trousses de dépistage à domicile aidera à s’assurer que le cancer du côlon soit diagnostiqué précocement chez les Néo-Écossais? Évidemment, cette suspension n’aide pas. Lorsque les trousses parviennent enfin aux gens, certains d’entre eux seront diagnostiqués à un stade ultérieur plutôt qu’à un stade précoce du cancer, ce qui va à l’encontre de l’objectif des trousses. En considérant que « le cancer colorectal est le troisième cancer le plus fréquemment diagnostiqué en 2020..la deuxième cause de décès par cancer chez les hommes et la troisième cause de décès par cancer chez les femmes, »[ii] la Nouvelle-Écosse devrait faire mieux.
En outre, en Colombie-Britannique, un article de la SRC publié le 21 juillet 2020 indique que « plus de 32 400 personnes ont vu leur chirurgie reportée ou non programmée du tout après que des procédures non essentielles eurent été annulées le 16 mars, afin de libérer des lits d’hôpital au cas où il y aurait un afflux des patients atteints de la COVID-19… Les patients restés en attente se sont inscrits ou sont restés sur une liste d’attente préexistante, ce qui porte à 93 000, le nombre total de personnes en attente d’une opération en C.-B. »[iii]
Adrian Dix, ministre de la Santé en C.-B., n’a pas précisé combien de ces 93 000 personnes qui attendent une chirurgie étaient des patients atteints du cancer, mais il est clair que toutes les chirurgies du cancer ne sont pas considérées comme urgentes. Le ministre Dix a dit que « cinquante-deux pour cent des patients qui ont manqué leur chirurgie au printemps ont subi leur chirurgie entre le 18 mai et le 25 juin. »[iv] On ne peut qu’imaginer l’anxiété des patients atteints du cancer qui attendent toujours une chirurgie et se demander si leur cancer aura progressé pendant cette attente.
La situation de l’Ontario n’est pas meilleure. Un rapport publié en avance par le Journal de l’Association médicale canadienne (JAMC) et intitulé Clearing the surgical backlog caused by COVID-19 in Ontario: a time series modelling study (Élimination de l’arriéré chirurgical causé par la COVID-19 en Ontario : une étude de modélisation de séries chronologiques) a trouvé que «entre le 15 mars et le 13 juin 2020, l’arriéré estimé était de 148 364 chirurgies…[le] temps estimé de résorption de l’arriéré est de 84 semaines…»[v] Les auteurs de cette étude poursuivent en disant que « la magnitude de l’arriéré chirurgical de COVID-19 a des répercussions sérieuses sur la phase de rétablissement en Ontario. »[vi] 84 semaines est environ un an et six mois.
CEPENDANT, LE CANCER NE PEUT PAS ÊTRE ANNULÉ OU REPORTÉ, ET LE DIAGNOSTIC ET LE TRAITEMENT DU CANCER NON PLUS!
Les gouvernements doivent faire mieux. Ils doivent explicitement inclure des soins oncologiques essentiels dans la planification en cas de pandémie et cesser d’annuler ou de reporter les soins oncologiques pendant une deuxième ou une troisième vague de la pandémie actuelle.
…Le cancer ne peut pas attendre!
Références :
[i] Halifax Today: Health authority handling backlog of 700 colon cancer cases, August 30, 2020, by Chris Stoodley. https://bit.ly/3bhFV2w
[ii] Ibid.
[iii] CBC: B.C. now aiming to clear surgery backlog in 15 months, rather than 2 years. https://bit.ly/35aMt23
[iv] Ibid.
[v] Clearing the surgical backlog caused by COVID-19 in Ontario: a time series modelling study. CMAJ 2020. doi. 10.1503/cmaj.201521; early-released September 1, 2020. https://www.cmaj.ca/content/cmaj/early/2020/09/01/cmaj.201521.full.pdf
[vi] Ibid.